Le passage à la vie adulte, autrefois marqué par des rituels évidents et successifs - la fin de la scolarité, l’accession à un emploi stable, le mariage et la parentalité -, devient aujourd’hui un phénomène aux contours flous et multiples. En effet, la non-linéarité des parcours, l’instabilité, la multiplicité des options et les bifurcations constituent souvent les seules normes discernables d’une transition à la vie adulte de plus en plus prolongée et difficile à appréhender. Dans un tel contexte, les études portant sur cette période de la vie (18-25 ans) soutiennent que certaines tâches développementales, notamment l’exploration et la consolidation de l’identité, se poursuivent au cours de ces années. Parmi les éléments qui contribuent à la définition de soi, notons l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société.
L’intégration des métiers liés au contrôle social et plus précisément le métier de policier, comporte des enjeux particuliers qui sont d’autant plus saillants qu’ils s’inscrivent possiblement à contre-courant de ce que vivent les jeunes adultes de la population générale.
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Le contexte socioéconomique qui prévaut actuellement et qui module différemment la transition à la vie adulte et le développement identitaire apportent des nuances qui permettent d’émettre l’hypothèse que les adultes émergents qui joignent les rangs de la police s’inscrivent parfois en faux contre le mouvement actuel qui exige, à tort ou à raison, des jeunes de s’individualiser en capitalisant principalement sur leurs ressources avec moins de soutien et de balises normatives. Ce décalage entre les jeunes adultes émergents et les recrues policières vient possiblement, dans le contexte actuel du moins, renforcer encore la cloison qui sépare la culture policière et le monde extérieur favorisant ainsi un positionnement dichotomique eux/nous encore plus ancré.
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Nous soulignons l’intérêt et la pertinence d’analyser l’insertion socioprofessionnelle des policiers à travers une lentille élargie où le regard se détache du strict fait policier pour s’étendre aux caractéristiques développementales des jeunes adultes et aux caractéristiques sociétales qui articulent leur passage à la vie adulte.
Regards croisés des notions relatives au développement identitaire des jeunes adultes et de la socialisation professionnelle propre au métier de policier
Julie Marcotte et Alexandra Dion, Déviance et Société 2011/3 (Vol. 35)
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité
Question 2 : Qu’est-ce qu’un rituel ? Pourquoi le passage à la vie adulte est moins un rituel aujourd’hui ?
Question 3 : Expliquez la phrase soulignée (« l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société »). Donnez un exemple, en le développant, pour un métier du secteur privé et un métier de la fonction publique (autre que policier).
Question 4 : Selon vous, le processus de socialisation professionnelle (quel que soit le métier concerné) s’exerce-t-il de la même manière sur tous les individus ?
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Socialisation professionnelle (II) : Identité et crise des identités selon Claude Dubar
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité à partir du triptyque proposé par Claude Dubar
Réponse 1
Si en droit, l’identité est l’ensemble données de l'état civil qui permettent de reconnaître une personne au regard de la loi, la sociologie met l’accent sur la production collective de cette singularité.
L’identité peut être pensée comme la définition de soi par soi, de soi pour les autres et de soi par les autres.
Question 2 : Recherchez. Qui est Norbert Elias ?
Réponse 2
Question 3 : Comment Claude Dubar explique-t-il ici la crise de l’identité ? (utilisez le terme socialisation)
Réponse 3
Claude Dubar s’interroge sur une sociologie non pas de l’individu mais des processus de construction et destruction des identités personnelles.
Il identifie une dynamique des identités qui oppose le « Je » et le « Nous ». En passant des formes qui privilégient le «Nous» sur le «je» (ou « communautaires ») aux formes qui privilégient le « Je » sur le «nous» (ou « sociétaires »), l’auteur identifie des crises d’identité.
Il y a donc le passage d’une socialisation communautaire (ou socialisation primaire), dans laquelle les normes et les valeurs sont imposées par le groupe, à une socialisation sociétaire ( ou socialisation secondaire), dans laquelle les normes et les valeurs sont individualisées.