Il faut toutefois souligner que ces « fondateurs » de la sociologie (Norbert Elias, Max Weber et Karl Marx) parlaient peu d’identités. Sauf Norbert Elias et sa dynamique des « identités Je-Nous » passant des formes Nous-je (rebaptisées « communautaires ») aux formes Je-nous (devenues « sociétaires »).
Ce livre cherche à comprendre pourquoi ce passage, à l’échelle macro-sociale comme à l’échelle micro-individuelle, de la domination de Nous à l’omniprésence des Je, a été synonyme de crises d’identité.
On peut désormais mieux distinguer des crises qui affectent des rôles sociaux (par exemple liées aux genres masculin et féminin), des crises qui touchent aux normes juridiques (par exemple liées au droit du travail), des crises qui concernent les croyances (religieuses, politiques ou éthiques) et des crises existentielles, psychiques (personnelles). Toutes ces crises mettent en question le passage d’un monde protégé, contraint, fermé, hérité, à un monde incertain, libre, ouvert et revendiqué. Donc d’une socialisation communautaire (primaire) à une socialisation sociétaire (secondaire). Donc d’identités Nous-je à des identités Je-nous. Donc d’identifications «culturelles» et « statutaires » à des identifications « réflexives » et « narratives ».
Claude Dubar (2010) La crise des identités. Préface à la troisième édition
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité à partir du triptyque proposé par Claude Dubar
Question 2 : Recherchez. Qui est Norbert Elias ?
Question 3 : Comment Claude Dubar explique-t-il ici la crise de l’identité ? (utilisez le terme socialisation)
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
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La socialisation professionnelle (I) : quelques concepts
Question 1 : Comment les auteurs définissent la socialisation professionnelle ? Illustrez avec l’exemple d’un médecin ou d’un enseignant
La socialisation professionnelle peut se définir comme « l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière. ». Pour un enseignant, ces étapes vont du passage des épreuves du concours (écrits et oraux) à la prise en charge de leur première classe en passant par différents types de stages (théoriques, pratiques, d’observation).
Question 2 : Qu’apprend-on dans une « école de police » ?
Dans une école de police, on apprend l’usage de la force et de la répression. Mais aussi des enseignements différents, notamment juridiques ou psychologiques.
Pour reprendre une expression du sociologue américain Everett C. Hughes (1897-1983), il y a l’apprentissage de « sales boulots », celui que le commun des citoyens n’exerce pas et qui renforce une solidarité de corps (verbaliser, faire la circulation, etc.).
On y apprend aussi la variété de positionnements/hiérarchies internes, les savoir-faire propres aux spécialisations, les discriminations internes…
Mais, comme dans d’autres professions, la socialisation professionnelle ne s’arrête pas aux principes inculqués à l’école. L’apprentissage théorique doit être validé par la pratique sur le terrain : l’occupation d’un poste précis.
Question 3 : Selon vous, le monde professionnel des policiers est-il homogène ?
Comme tout univers professionnels, le monde professionnel des policiers n’est pas homogène. Il est composé de sous-groupes professionnels hiérarchisés, parfois en concurrence, qui peuvent se distinguer par des signes distinctifs formels (uniformes, véhicules, etc.) ou informels.
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
La socialisation professionnelle n’est pas statique. Elle se transforme au cours du temps. D’abord, parce que les professions (enseignants, gardien de la paix, médecins, comptable, etc.) évoluent puisque les missions des salariés, les règles qui encadrent l’activité des entreprises et des administrations et les technologies utilisées par les professionnels changent.
De plus, les salariés peuvent connaître une mobilité géographique et/ou professionnelle qui, si elle ne redéfinie pas en permanente les normes professionnelles influence les normes et les valeurs des actifs.