Document 12 : Une interprétation théorique originale : celle de Jacques Rueff

Facile

Au XXe siècle, J. Rueff (partisan d’un retour au métallisme), défendant l’idée de « vrais » et de « faux droits », déclare que la monnaie est le « signe ostensible » de la richesse qu’elle représente, un droit sur la richesse qu’elle représente et, pour s’assurer qu’il s’agit d’un « vrai droit », les banques ne doivent monétiser que les créances à court terme et pour lesquelles le risque de défaillance du débiteur est faible. Si la banque monétise une créance à long terme et que le débiteur se révèle défaillant, la monnaie émise continuera à circuler dans l’économie et il s’agira alors d’un « faux droit ». Dans une large mesure en effet, c’est parce que les politiques monétaires aux Etats-Unis ont empêché les marchés de fonctionner correctement en créant le « droit à l’argent gratuit » ou le « droit au crédit immobilier », que la crise a pris cette ampleur en 2007, affirme J.J Rosa. Dans la tradition de Von Mises ou F. von Hayek, il considère que l’économie de marché ne s’autorégule que dans le cas d’un ordre reposant sur des règles rigides contraingantes.

Question :

18) Résumez l’interprétation de J. Rueff

Voir la correction

18)  notion de vrai droit et de faux droit a été introduite par Rueff dans L'Ordre social. L'auteur s'y intéresse notamment à la naissance, la vie et la mort des droits de propriété . Le droit, écrit-il, c'est la coque qui enveloppe le fruit. Toutefois la coque peut être vide, en tout ou en partie . La réalité est ainsi placée dans une enveloppe juridique et comptable qui devrait la révéler, mais qui peut aussi la dissimuler. Quand la réalité ne remplit pas l'enveloppe juridique qui lui est associée, quand cette enveloppe annonce davantage qu'elle ne contient, nous avons affaire à un faux droit – un droit totalement ou, plus souvent, partiellement faux. En comptabilité, les faux droits peuvent résulter, par exemple, d'une surévaluation commise par un industriel pour dissimuler son insolvabilité . Inscrire à l'actif du bilan un montant exagéré pour les stocks ou les immobilisations engendre des faux droits : la comptabilité est alors mensongère, elle trompe les actionnaires en leur faisant croire qu'ils possèdent des richesses supérieures à ce qui résulte véritablement de la réalité, et les créanciers en leur faisant miroiter une capacité de remboursement illusoire. Rueff aurait de même reconnu les créances sur les fonds créés par Bernard Madoff comme des faux droits, puisque cet escroc faisait miroiter aux yeux des créanciers des actifs en majeure partie imaginaires. Comme (selon la loi de Gresham) la fausse monnaie évince la bonne, le faux droit chasse le vrai droit. Rueff pensait que l'État a seul le privilège de pouvoir injecter, d'une façon continue et en une quantité appréciable, des faux droits dans le patrimoine de ses créanciers : Un droit est vrai ou faux suivant que son volume est égal ou supérieur à la valeur des richesses qu'il enveloppe. Dès que le contenu réel est inférieur au contenant juridique, on est en présence d'un droit qui est, sinon totalement faux, du moins partiellement faux.

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