Mon livre avance trois thèses.
Premièrement : la concurrence a décliné́ dans la plupart des secteurs de l’économie américaine. Mesurer la concurrence est plus facile à dire qu’à faire, car il faut avoir recours à des indicateurs indirects. Nous examinerons les prix, les taux de profit et les parts de marché. Aucun de ces substituts n’est parfait, mais, ensemble, ils permettent de former un tableau convaincant.
Deuxièmement : la faiblesse de la concurrence s’explique largement par les choix des pouvoirs publics, qui sont influencés par le lobbying et les contributions au financement des campagnes. Nous examinerons les sommes dépensées par chaque société́ Etats-Unienne ces vingt dernières années pour faire pression sur la règlementation, le Sénat, la Chambre des représentants et les commissions clés, ainsi que pour financer des élections. Nous montrerons comment ces efforts faussent les marchés libres : quels que soient l’époque, l’État ou le secteur, le lobbying des entreprises et la contribution au financement des campagnes produisent des barrières à l’entrée, des règlementations qui protègent les acteurs historiques, un affaiblissement de l’application de la législation antitrust et un ralentissement de la croissance des petites et moyennes entreprises.
Troisièmement : les conséquences d’une concurrence trop faible sont une baisse des salaires, de l’investissement, de la productivité́ et de la croissance, ainsi qu’une hausse des inégalités. Nous examinerons comment l’affaiblissement de la concurrence dans l’ensemble des secteurs a eu une incidence jusque dans le portefeuille et les comptes bancaires des Américaines et Américains. Nous montrerons aussi comment une faible concurrence conduite à une diminution des facteurs que nous associons traditionnellement aux économies en croissance : l’investissement, le progrès technologique et la hausse des salaires.
Vous êtes prêts ? Allons-y.
Source : © T. Philippon, Les gagnants de la concurrence, quand la France fait mieux que les États-Unis, Seuil, 2022.
Questions :
1) Rappeler en quoi les prix, les taux de profit et les parts de marché peuvent être des indicateurs de la performance des entreprises dans la concurrence (passage en italique-gras)
2) En quoi les pouvoirs publics peuvent-ils stimuler la concurrence ou au contraire contribuer à la freiner selon T. Philippon ? Donner des exemples.
3) Pourquoi une concurrence trop faible peut-elle générer …