Dissertation.

Facile

Sujet : Comment expliquer la mobilité sociale ?

 

DOCUMENT 1

Évolution de la structure des emplois masculins selon le sexe entre 1977 et 2015

DOCUMENT 2

[...] La séparation des parents semble donc bien avoir un effet propre sur le niveau de réussite scolaire et professionnelle des individus, à environnement familial égal.

Tout d’abord, on observe un effet négatif de la séparation sur le nombre d’années d’étude des individus dont les parents se sont séparés avant 18 ans. La séparation parentale, lorsqu’elle survient pendant l’enfance ou l’adolescence, affecterait négativement le nombre d’années d’étude. Toutefois cet effet est moins prononcé pour les 7-9 ans et les 16-18 ans.

Quant à l’effet mesuré sur le rendement scolaire, il est plus faible mais il demeure négatif (non significatif pour les 0-3 ans et les 16-18 ans).

Enfin, lorsque l’on considère l’effet sur le revenu moyen futur (pour un niveau d’étude et une profession donnée), l’effet de la séparation tend à se dissiper. Mais il reste prononcé lorsque la séparation survient à des moments charnières tels que l’année du cours préparatoire (CP) ou la sixième.

Par ailleurs, et c’est un autre apport majeur de cette étude, les effets observés de la séparation des parents diffèrent selon le sexe des enfants. Sur le plan de la réussite scolaire, les hommes semblent plus touchés que les femmes par une séparation parentale.

Source : Hélène Le Former, Nina Le Clerre, « Séparation et divorce : quels effets sur la réussite sociale des enfants ? », Dialogues économiques, 2022

 

DOCUMENT 3

Mobilité intergénérationnelle selon le niveau de diplôme obtenu et l’origine sociale (en %)

DOCUMENT 4

Part des fils dans les quartiles inférieur et supérieur de salaires selon le quartile d’appartenance du père en 2018 (en%)

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Introduction :

Dans son ouvrage de 1957, L’ascension de la méritocratie, le sociologue britannique Michael Young invente le terme de « méritocratie » pour critiquer l’idée selon laquelle l’égalité des chances suffit à instaurer une société juste : il propose ainsi d’imaginer une société dans laquelle la place des individus dépend entièrement de leurs capacités scolaires et montre qu’une telle société fait des laissés-pour-compte et les abandonne à leur sort en considérant qu’ils n’ont rien « mérité ». Dans une société de ce type, le diplôme est la clé unique de la mobilité sociale des individus.

La mobilité sociale désigne les changements de position sociale au sein d’une société. C’est le plus souvent à la mobilité sociale intergénérationnelle que l’on s’intéresse, c’est-à-dire au fait que les individus changent, ou non, de position sociale par rapport à celle de leurs parents. Dans nos sociétés, qui reposent en partie sur le principe méritocratique, le diplôme est une explication de cette mobilité : les plus diplômés ont plus de chances que les autres d’occuper les positions les plus prestigieuses, mais il n’est pas la seule explication. Des changements de structure peuvent aussi jouer par exemple.

Nous nous demanderons ici quelles sont les explications de la mobilité sociale dans la société française contemporaine.

Nous verrons que cette mobilité comporte d’abord une composante structurelle (I), puis que la montée de la qualification des emplois et l’école expliquent une grande partie de la mobilité sociale (II), avant de nous pencher sur le rôle déterminant des ressources et configurations familiales (III).

 

Plan détaillé :

I/ La mobilité s’explique d’abord par les changements de structure de la société…

          A/ Depuis les années 1970, la tertiarisation de l’emploi a entraîné une forte mobilité…

* les enquêtes Formation et qualification professionnelle de l’INSEE (doc. 1) montrent une importante transformation de la structure des emplois d’une génération à une autre

* les emplois dans le secteur primaire deviennent de plus en plus rares et sont déversés dans les autres secteurs : ainsi, alors que 25,4 % des pères des individus ayant entre 35 et 59 ans en 1977 étaient agriculteurs exploitants en France, ce n’est plus le cas que de 2,8 % des hommes ayant entre 35 et 59 ans en France en 2014-2015

* si dans un premier temps, les emplois du secteur primaire ont été déversés dans le secteur secondaire, les emplois industriels ont aussi connu une baisse à partir des années 1970

          B/ … tout comme la salarisation et la féminisation du marché du travail

* les professions d’agriculteurs exploitants et d’artisans, commerçants et chefs d’entreprises voient leurs effectifs baisser d’une génération à une autre (doc.1)…

* … alors que celles des professions salariées augmentent au fil du temps

* le marché du travail se féminise également, la part des femmes dans la population active augmente, ce qui conduit à une mobilité intergénérationnelle des femmes par rapport à leurs mères

 

II/ … mais il y a aussi un lien fort entre la qualification des emplois et le niveau de diplôme des individus…

          A/ On observe une montée de la qualification des emplois…

* la part des cadres et professions intellectuelles supérieures augmente de génération en génération (doc.1), tout comme celle des professions intermédiaires

* à l’inverse, la part des employés et ouvriers non qualifiés diminue fortement…

* au profit de celle des plus qualifiés parmi les employés et ouvriers, l’ascension sociale peut alors être assez fréquente d’une génération à une autre

          B/ … et l’accès aux emplois les plus qualifiés est fortement corrélé au niveau de diplôme obtenu

* quel que soit le niveau de diplôme des parents, les moins diplômés (CAP ou Bac) connaissent plus souvent un déclassement qu’une ascension sociale (doc. 2)

* cette situation est particulièrement forte pour les individus dont les parents sont les plus qualifiés : 92 % de ceux qui ont un diplôme égal au CAP ou au Bac connaissent un déclassement

* à l’inverse, 39 % de ceux qui ont un diplôme au moins égal à Bac + 5 connaissent une ascension sociale

 

III/ … et la mobilité sociale dépend aussi des ressources et configurations familiales

          A/ Le revenu et le diplôme des parents influent fortement sur la position sociale des individus…

* pour tous les niveaux de diplôme, la reproduction sociale est forte (doc. 2)

* c’est particulièrement vrai aux extrêmes, c’est-à-dire dans les catégories les plus favorisées et les plus défavorisées

* dans tous les pays étudiés dans l’enquête utilisée dans le doc. 4, les individus ont plus de chances d’appartenir au même quartile de revenus que leur père plutôt qu’à un autre quartile : en Allemagne, par exemple, la moitié des individus dont le père appartient aux 25 % les plus riches appartient aussi aux 25 % les plus riches

          B/ … même si cela peut être nuancé en fonction de la configuration familiale

* la séparation des parents diminue la probabilité de réussite scolaire, avec des nuances selon l’âge auquel survient cette séparation et le genre de la personne (doc. 3)

* la fratrie peut également jouer : avoir un frère ou une sœur qui suit des études supérieures peut augmenter les chances de suivre, à son tour, des études de ce type

* la réussite scolaire peut aussi provenir de « capitaux cachés » selon l’expression de Paul Pasquali

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