Corrigé des épreuves du baccalauréat-Jour 2 : 3ème partie Raisonnement argumenté

Modéré

A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l’engagement politique dépend de variables sociodémographiques.

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Décider d’aller manifester, voter, consommer bio,… tous ces actes paraissent être le fruit de décisions individuelles. Pourtant, les sociologues analysent ces faits comme des actes sociaux étant liés aux variables sociodémographiques de l’individu. L’engagement politique peut se définir comme l’ensemble des formes d’activité politique que les individus peuvent réaliser pour exercer une influence sur les pouvoirs publics. En quoi l’engagement politique dépend-il des variables sociodémographiques ? Nous verrons qu’il dépend du sexe, de l’âge et de la génération et enfin de la classe sociale.

Tout d’abord, l’engagement politique dépend du sexe. En effet, quel que soit le type d’engagement, les femmes sont moins présentes. Par exemple, elles sont 16% à faire partie d’une association sportive en 2016 selon l’INSEE contre 23% des hommes, soit un écart de 7 points de %. Quand elles sont plus nombreuses dans les associations, c’est souvent dans des domaines considérés comme féminins comme l’éducation ou l’aide en personnes en difficultés où elles sont 8% à en faire partie contre 6% chez les hommes. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons. Les hommes et les femmes n’ont pas la même position dans l’espace social, elles sont moins intégrées dans la sphère professionnelle et se sentent donc moins légitime pour prendre la parole en public et s’investir en politique. Les qualités pour réussir en politique restent avant tout des qualités considérées comme masculines : virilité, charisme, capacité à diriger et à décider, à supporter voir à aimer le conflit et la compétition… D’ailleurs les femmes qui réussissent en politique sont considérées comme ayant des qualités masculines (Aubry, Lagarde, Bachelot…). Les rôles des hommes et des femmes restent sexués (transmis pendant la socialisation) : l’homme dans la sphère public, la femme dans la sphère privée. D’ailleurs, même quand elles font de la politique, elles sont plus nombreuses au ministère concernant la famille, le droit des femmes, l’éducation, la culture et reste peu nombreuses dans les postes les plus prisés comme le ministère de l’intérieur, de la justice, de l’économie. Dans la socialisation, on apprend aux femmes à être moins contestataires, plus discrètes et dociles que les hommes.  Les femmes ont plus de contraintes à cause de la charge de la vie domestique, ce qui leur laisse moins de temps pour s’engager politiquement (garde des enfants, tâches domestiques….) et bien souvent subissent une surcharge de travail lorsque leur conjoint s’engage en politique.

L’engagement politique dépend également de l’âge et de la génération. L’âge est une donnée biologique qui mesure le temps entre la naissance et le temps présent alors que la génération représente une classe d’âge qui a vécu les mêmes choses au même moment de leur vie. Ainsi, la génération des soixante-huitards présentés dans le document 1 a été durablement marquée par la participation aux manifestations. Cela a produit chez eux un engagement durable en faveur de la liberté culturelle notamment. L’engagement politique dépend en partie de l’âge, en effet, les jeunes sont plus souvent protestataires, contestataires, révoltés et plus souvent contre le système politique en place, refuse d’avoir un chef de file (mouvement nuit debout). Ils sont donc plus souvent abstentionnistes et pense que la politique traditionnelle ne peut faire changer les choses. Ainsi, selon le document 3, les 18-24 ans sont 69% à s’abstenir aux élections législatives de 2022 contre 31% des plus de 70 ans, soit deux fois plus. L’engagement politique dépend surtout de la génération. En effet, la jeune génération est confrontée à des problèmes que n’ont pas eus les autres générations : la question environnementale, le chômage de masse, la précarisation du marché du travail, la menace terroriste. Leurs préoccupations ne sont donc pas les mêmes. De plus, ils ont également été socialisés dans une société plus individualiste plus instable et plus changeante (montée du populisme, demande de démocratie directe, défiance, mobilité électorale). Ils n’ont pas les mêmes repères identitaires que la génération précédente pour laquelle l’orientation idéologique était plus marquée et les partis politiques plus structurants. Leur participation politique est donc plus incertaine et plus changeante. Ils ne s’engagent pas en référence à leur groupe d’appartenance (car plus individualistes) mais pour une cause précise. Leur engagement a été qualifié de post-it (J.Ion) car intermittent en fonction du moment. Ils utilisent beaucoup les réseaux sociaux et n’ont pas peur de se montrer et de se mettre en scène. Ils sont plus nombreux à se désintéressés de la politique car socialisé dans une société de défiance vis-à-vis du monde politique.

L’engagement politique dépend de la classe sociale. En effet, le niveau de diplôme (capital scolaire) est révélateur de connaissances et de capacités qui permettent de mieux comprendre la politique et donc de s’y engager plus facilement (argumentation, prise de parole en public, capacité à débattre à comprendre les programmes, les enjeux et les stratégies des adversaires,… Le diplôme et la profession donne un sentiment de légitimité pour s’engager (fort capital culturel, confiance en soi, sentiment de compétence…). Daniel Gaxie parle de Cens caché : en effet, le système nous donne à croire que chacun est égal devant les compétences politiques et le vote mais il y a en réalité une sélection cachées car tous les citoyens ne sont pas également préparés à l’engagement politique et n’ont donc pas le même sentiment de compétence. La plus forte intégration sociale des CPIS leur donne davantage d’occasion de s’engager, le capital social, le réseau leur permet de trouver des appuis à leurs engagements et des soutiens à leurs actions. Ainsi, selon une enquête d’IPSOS en 2022, sur 100 cadres, 53 sont abstentionnistes aux élections législatives contre 62 chez les ouvriers, soit un écart de 11 points de pourcentage. L’engagement politique dépend donc bien de la classe sociale.

L’engagement politique est donc un choix individuel mais qui dépend de variables sociales comme le sexe, la génération et la classe sociale. Ces différentes variables ne sont pas indépendantes les unes des autres. Ainsi, l’analyse sociologique permet de mieux comprendre le parcours et l’engagement politique des individus.

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