Activité 3 –

Facile

1.    Analyser – Selon « l’éclairage » de Vie publique, la vaccination est-elle obligatoire ?

2.    Analyser - Pourquoi peut-on dire que la gestion des risques collectifs oscille ici entre prévention et obligation ?

3.    Analyser – Quels arguments sociologiques justifient une perception du risque lié à la vaccination plus élevée dans la société française qu’ailleurs ? Expliquez les phrases suivantes.

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1.    Analyser – Selon « l’éclairage » de Vie publique, la vaccination est-elle obligatoire ?

A l’examen attentif du document, on constate que seule la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (dite « DTP ») correspond à une obligation dont doivent s’acquitter les parents des nourrissons nés avant 2018.

A partir de 2018, 8 vaccins supplémentaires deviennent obligatoires (contre la coqueluche, la rougeole, etc.).

A cet égard, il est à noter qu’un parent qui ne respecte pas ses obligations légales au point de compromettre la santé de son enfant mineur est puni de 2 ans d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende. 

2.    Analyser - Pourquoi peut-on dire que la gestion des risques collectifs oscille ici entre prévention et obligation ?

Compte tenu des effets bénéfiques larges de la vaccination individuelle et, inversement, des effets néfastes de l’absence de vaccination, le citoyen est en droit de s’interroger : pourquoi sommes-nous globalement passés de l’obligation à la recommandation vaccinale?

La lecture des premières pages du rapport issu de la concertation citoyenne sur la vaccination, présidée par Alain Fischer en 2016, nous indique que les pouvoirs publics français visent, à l’instar des pays comparables, la fin de l’obligation vaccinale, désignée parfois comme « la fin de la dictature vaccinale ». Elle correspond à l’évolution logique qui fait suite à la loi « Kouchner » du 4 mars 2002 qui inscrit le droit des patients à prendre eux-mêmes les décisions de nature médicale les concernant.

Toutefois, la baisse de la couverture vaccinale à cette date - seule la moitié des personnes âgées de plus de 16 ans effectue son rappel DTP, moins de 30 % des filles sont vaccinées contre le papillomavirus - a conduit l’État à recommander provisoirement de nouveaux vaccins obligatoires.

3.    Analyser – Quels arguments sociologiques justifient une perception du risque lié à la vaccination plus élevée dans la société française qu’ailleurs ? Expliquez les phrases suivantes.

a)    Une forme d’aléa moral : paradoxalement, plus la vaccination est massive, moins elle apparaît nécessaire individuellement et plus les effets indésirables potentiels s’imposent.

La disparition de certaines maladies comme la variole, la poliomyélite, … suggère une protection moins impérieuse et une moindre vigilance.

En outre, la balance bénéfices/risques de la vaccination évolue :  l’absence de vaccination individuelle a moins d’impact sur « l’immunité de troupeau » lorsque la maladie ne circule plus ou quasiment.

Cet argument n’est pas spécifique à la France.

b)    Les Français ont une attitude de défiance envers les autorités sanitaires et les vaccins eux-mêmes.

-         La perte de confiance s’exerce en direction des vaccins : au début des années 2000, certains patients ont été indemnisés après avoir développé une sclérose en plaques suite à la vaccination contre l’hépatite B bien que le lien scientifique n’ait jamais été établi. En outre, les vaccins non-vivants (DTP, hépatite B) comportent des adjuvants nécessaires à leur efficacité : ces sels d’aluminium soulèvent des incertitudes et des inquiétudes.

-         La défiance s’exerce aussi envers les autorités de santé : le soupçon de collusion entre l’industrie pharmaceutique, souvent dénommée « Big Pharma », et les médecins est nourri, les scandales médicaux récents (Mediator, affaire du sang contaminé, …) s’inscrivent dans la même veine.

En conséquence, le rapport issu de la concertation citoyenne sur la vaccination de 2016 plaide pour une véritable transparence à la fois des experts et des professionnels de santé : les citoyens doivent avoir accès aux informations scientifiques sur la vaccination, ses effets indésirables, sur le financement des vaccins. « Expliquer les décisions des autorités de santé, présenter les éléments qui ont conduit à ces décisions, montrer la cohérence des choix effectués, expliciter les questions qui restent en suspens, publier les résultats des évaluations, répondent aux exigences émanant tant des chercheurs et des professionnels de santé que du public ».

On peut constater que, dans le cadre de la pandémie actuelle, des efforts en ce sens sont menés, médecins et épidémiologistes figurent en bonne place dans le champ médiatique.

c)      L’administration du vaccin est un geste intrusif sur des personnes en bonne santé.

L’administration du vaccin par piqûres génère une sensation d’agression plus élevée que pour tout autre médicament. Or, la loi « sur les droits des malades et la qualité du système de santé » dite « loi Kouchner » de 2002 sanctuarise le droit des malades à décider par eux-mêmes, en ayant accès à leur dossier médical. La balance bénéfices/risque est désormais interrogée à l’échelle individuelle et produit un choix qui ne va pas toujours dans le sens de la vaccination.  

d)      Une opinion publique plus critique avec la consultation massive d’internet et des réseaux sociaux.

Si les patients sont désormais mieux informés de leur dossier médical, ils ont également élargi leurs sources d’information. Un français sur 2 utilise Internet pour s’informer sur des sujets de santé. La consultation de ces sujets est le 3e motif de consultation du web. Or, si certaines publications désignées négativement comme « anti-vax » apparaissent infondées ou polémiques, de nombreuses critiques reposent sur un argumentaire qui mérite d’être discuté scientifiquement.

Ainsi, « l’hésitation vaccinale » (autrement dit, la réticence à … ou le refus de la vaccination malgré la disponibilité des vaccins) a été déclarée l’une des 10 menaces sanitaires mondiales en 2019 par l’OMS. Ce nouveau concept répond au besoin de caractériser sur un plan psychosociologique le continuum d’attitudes et de pratiques intermédiaires par rapport à la vaccination, entre deux positions « extrêmes », assez minoritaires : les partisans et opposants farouches à la vaccination.

L’une des issues à cette problématique passe par la formation accrue des professionnels de santé sur le sujet de la vaccination : le rapport de 2016 relève que « plus de la moitié des professionnels de santé se sentent mal à l’aise pour en parler aux patients, faute de formation (initiale et continue) et d’information suffisante ».

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