Question 1. Quels sont les facteurs de structuration et de hiérarchisation de l'espace social ?

Sommaire

Les sociétés modernes sont caractérisées par un recul des inégalités. Ces dernières peuvent être définies comme le fait que des ressources socialement valorisées (revenus, prestige, santé, pouvoir politique) ne soient pas accessibles de la même manière par tous.

Dans les sociétés développées, l’égalité devant la Loi devient la règle, l’égalité des chances progresse et les inégalités de situation reculent. Pour autant, faut-il en conclure que la société n’est plus structurée en groupes sociaux hiérarchisés, dont certains auraient un accès facilité à certaines ressources et d’autres moins ?

Il existe de nombreux facteurs de structuration et de hiérarchisation de la société française actuelle.

1) Les facteurs socio-économiques

Il s’agit notamment de la profession, du statut d’activité et du niveau de revenus.

Certaines professions, qui vont être par ailleurs considérées comme “favorisées”, permettent d’accéder à certaines ressources, qui seront plus difficiles d’accès pour d’autres. Ainsi, les cadres cumulent plusieurs avantages. Ce sont eux qui perçoivent, en moyenne, les revenus les plus élevés. Ils sont aussi les plus préservés de la pauvreté. Mais la profession joue aussi sur d’autres éléments que la richesse ou la pauvreté monétaire. Ainsi, les cadres sont ceux qui ont les pratiques culturelles les plus intenses. Cela joue sur la structuration sociale car cela entraîne des effets de reproduction sociale : les enfants de cadres et de professions intermédiaires connaissent dans l’enfance des pratiques culturelles riches et diversifiées, qui leur font acquérir une culture savante et un rapport à celle-ci favorisant la réussite à l’école. Les cadres ont aussi une espérance de vie plus longue que les autres.

Le statut d’activité peut être lui aussi générateur d’inégalités. Les chômeurs et les inactifs (hors retraités) sont les plus exposés à la pauvreté.

Le niveau de revenus (fortement corrélé aux deux premiers facteurs évoqués) a lui aussi des incidences. Ce sont notamment les plus pauvres qui vivent, en France, le moins longtemps. La corrélation au niveau de diplôme n’épuise pas l’explication : en contrôlant l’effet de cette variable, on observe le maintien d’inégalités en fonction du niveau de vie, ce qui peut s’expliquer par des moyens financiers permettant un meilleur accès aux soins et à une bonne hygiène de vie.

2) Les facteurs socio-démographiques

Ici, il s’agit notamment du genre, de la position dans le cycle de vie, du lieu de résidence, du type de ménage ou de l’origine ethnique.

La question du genre est particulièrement riche et complexe car, dans certains domaines, les femmes apparaissent comme plus avantagées que les hommes mais, dans d’autres, elles le sont moins. Les femmes ont ainsi une espérance de vie plus longue que les hommes. Ces écarts s’expliquent généralement par l’exposition plus élevée des hommes aux risques professionnels et aussi aux conduites à risque. Mais, les modes de vie des femmes et des hommes se rapprochant, les différences d’espérance de vie à la naissance se réduisent au cours du temps. Les femmes sont par contre désavantagées dans la sphère des activités économiques : elle perçoivent, pour les temps complets uniquement, un salaire inférieur de 16,3 % à celui des hommes. Et cela va en s’aggravant à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie des salaires. Elles sont plus facilement touchées par le temps partiel subi, par la pauvreté (même si les écarts s’amenuisent), par la précarité, que les hommes. Elles sont aussi particulièrement défavorisées en matière de partage du temps domestique. Le domaine scolaire est sûrement l’un de ceux dans lesquels la question des inégalités hommes/femmes est la plus ambigüe. En effet, la réussite scolaire des filles est bien documentée (et mise en lien avec la socialisation sexuée, les jeux “féminins” étant supposés favoriser la concentration, le calme, le soin, toutes qualités valorisées par l’Ecole) et en 2015-2016, les femmes représentent 57 % des étudiants à l’université. Pour autant, cela masque le fait que les filles s’orientent vers des filières moins socialement valorisées que les garçons : les lettres et sciences humaines plutôt que les sciences et la technologie par exemple, les formations courtes du tertiaire plutôt que celle du secteur technico-industriel. Cela a des incidences en cascade puisque cela pèse sur la destinée professionnelle des filles, amenées à occuper des postes moins prestigieux et moins bien rémunérés que ceux des hommes.

L’âge peut lui aussi constituer un facteur de structuration de l’espace social. Les jeunes sont particulièrement défavorisés en termes d’accès aux ressources économiques. Les 20-29 ans sont ainsi les plus touchés par la pauvreté. Cela s’explique notamment par une plus grande exposition des jeunes au chômage et à la précarité. Le lieu de résidence peut lui aussi contribuer à dessiner un espace social hiérarchisé. Les grands pôles urbains sont ceux qui concentrent la plus forte pauvreté. Cependant, les grands pôles urbains sont les lieux dans lesquels les pratiques culturelles sont les plus intenses, ce qui peut s’expliquer par l’offre très concentrée, l’existence de transports en commun, et aussi par la concentration de diplômés, notamment dans les centres-villes.

Le type de ménage dans lequel vit un individu peut aussi impacter son existence. Près de quatre familles monoparentales sur dix vivent en 2018 sous le seuil de pauvreté (à 50 % du revenu médian). Cela s’explique à la fois par le fait qu’il n’y ait qu’un revenu pour vivre, et que celui-ci soit souvent celui de la femme, en moyenne plus faible que celui de l’homme.

Enfin, l’origine ethnique -quoique son impact soit difficile à mesurer en France du fait du manque de statistiques solides- joue elle aussi. Les immigrés et les personnes issues de l’immigration, touchées par nombre de discriminations, rencontrent des difficultés à s’insérer sur le plan socio-professionnel, ce qui débouche notamment sur une sur-exposition à la pauvreté.

3)Les facteurs socio-culturels

Le niveau de diplôme engendre lui aussi un accès différencié aux ressources économiques et sociales.

Ainsi, les plus diplômés accèdent le plus souvent aux professions les plus favorisées, qui leur assurent des revenus élevés. Ce sont d’ailleurs eux qui sont les mieux protégés de la pauvreté. Le niveau de diplôme a aussi un impact sur les pratiques culturelles car, plus celui-ci s’élève, plus la fréquentation des lieux culturels s’accroît. Enfin, il existe une forte corrélation entre le niveau de diplôme et le niveau de santé, les individus les plus diplômés étant souvent enclins à adhérer aux messages de prévention du corps médical, et à l’adoption d’une hygiène de vie favorisant le maintien en bonne santé.

Document 1-Les fractiles, un outil de mesure des inégalités

Difficile

Pour mesurer les inégalités, on découpe la “population” en tranches [...]. Quand on découpe notre population en tranches égales de 10 %, on obtient ce que les statisticiens appellent des “déciles”. Si on la découpe en fonction du niveau de salaire, notre décile est la valeur du niveau de salaire qui sépare chaque tranche, de 10 % en 10 %. Ensuite, on classe les déciles par ordre croissant. Le premier décile est donc le niveau de salaire qui sépare d’un côté les 10 % des salariés les moins bien payés et de l’autre les 90 % les mieux payés. Le deuxième est le niveau de salaire pour lequel 20 % touchent moins et 80 % touchent plus. Et on continue jusqu’au neuvième. Pour aller plus vite, les statisticiens écrivent parfois D1, pour le premier décile, D2 pour le second, et ainsi de suite. On n’est pas obligé de découper des tranches de 10 %. Une tranche de 1 %, est un centile. Une tranche de 20 %, c’est un quintile (20 % = un cinquième). Une tranche de 25 %, c’est un quartile (25 % = un quart), etc. Un autre découpage connu est la médiane (qui n’est autre que le 5ème décile par ailleurs) : on divise simplement la population en deux, la moitié au-dessus, la moitié au-dessous. Tous ces découpages sont regroupés sous le nom savant de “fractiles”, qui signifie seulement “n’importe quelle tranche”. Notre découpage nous intéresse pour mesurer les inégalités, car il permet de rapporter le niveau d’une tranche sur une autre. Le plus souvent, on rapporte D9 à D1, et on appelle ça le “rapport interdécile” [...].

Source : Observatoire des inégalités, “La mesure des inégalités : qu’est-ce qu’un ‘décile’ ? A quoi ça sert ?”, 19 août 2016.

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Questions

1.En quoi consiste un “fractile” ?

2.Pourquoi recourir aux fractiles permet-il d’étudier les inégalités ?

3.A quoi sert le rapport interdécile D9/D1 ?

Document 2-Où en sont les écarts de revenus en France ?

Facile

Evolution des inégalités de niveau de vie après redistribution de 1975 à 2016 (hors revenus financiers et prestations hors champ)

 

Questions

1.Qu’est-ce que le niveau de vie ?

2.Faites une phrase présentant la donnée pour l’année 1975.

3.Comment les inégalités de niveau de vie évoluent-elles en France depuis 1975 ?

Document 3-Les inégalités entre les femmes et les hommes en France : principaux indicateurs

Facile

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Questions

1.Dans quels domaines les femmes semblent-elles être défavorisées par rapport aux hommes ? Quelles sont les explications données à ces écarts ?

2.Dans quels domaines les femmes semblent-elles être plus favorisées que les hommes ? Quelles sont les explications données à ces écarts ? En quoi le document permet-il de nuancer l’apparent avantage des femmes dans ces domaines ?

3.Comment le document explique-t-il l’égalisation des taux de chômage entre hommes et femmes ?

Document 4-Qui sont les pauvres en France ?

Facile

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Questions

1.Qu’appelle-t-on “seuil de pauvreté” ? Comment est calculé le seuil de pauvreté utilisé dans l’enquête ?

2.Quels sont les facteurs qui influent sur le taux de pauvreté ? Illustrez chaque facteur par des données chiffrées pertinentes.

Document 5-Des pratiques culturelles inégalement réparties dans la population

Facile

Questions

1.Faites une phrase avec chacune des données en gras.

2.Tirez les principaux enseignements du tableau.

Document 6-Pourquoi les individus les plus aisés vivent-ils plus longtemps ?

Facile

Tout d’abord, le niveau de vie peut être la cause directe d’un état de santé plus ou moins bon, et donc d’une durée de vie plus ou moins longue. Ainsi, les difficultés financières peuvent limiter l’accès aux soins. Par exemple, d’après l’enquête Santé et protection sociale de 2014, 11 % des adultes parmi les 20 % les plus modestes disent avoir renoncé pour des raisons financières à consulter un médecin au cours des 12 derniers mois, contre 1 % des adultes parmi les 20 % les plus aisés. D’autre part, le niveau de vie a aussi un effet indirect sur la santé, parce qu’il est lié à des facteurs également associés à une santé plus ou moins bonne comme la catégorie sociale, le diplôme ou la région de résidence. Les cadres ont un niveau de vie élevé et sont moins soumis aux risques professionnels (accidents, maladies, exposition à des produits toxiques) que les ouvriers. De même, les comportements moins favorables à la santé sont plus fréquents chez les non-diplômés que chez les diplômés. Par exemple, d’après le Baromètre Santé 2016, 39 % des personnes âgées de 15 à 64 ans sans diplôme fument quotidiennement, contre seulement 21 % des diplômés du supérieur. Par ailleurs, un faible niveau de vie peut également être la conséquence d’une mauvaise santé plutôt qu’en être la cause. Une santé défaillante peut freiner la poursuite d’études, l’exercice d’un emploi, ou l’accès aux emplois les plus qualifiés.

Source : Observatoire des inégalités, Rapport sur les inégalités, 2019.

Questions

1.Résumez les enseignements du texte sous forme de schémas.

2.A partir de l’ensemble documentaire fourni, de vos connaissances personnelles et de l’exemple présenté, remplissez le tableau suivant :

Exercice 1 : Vrai-Faux

Facile

1)La société française n’est structurée et hiérarchisée qu’en fonction de facteurs économiques.

2)Les inégalités de niveau de vie se résorbent de manière continue en France depuis 1975.

3)Les jeunes ne subissent pas d’inégalités par rapport aux autres catégories d’âge.

4)L’espérance de vie des femmes continue à être supérieure à celle des hommes.

5)La pauvreté est un phénomène qui touche peu les centres des grandes villes.

Exercice 2 : Sommes-nous tous égaux face à la solitude ?

Modéré

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Questions

1.Qu’est-ce qui différencie l’isolement de la solitude ?

2.Quels sont les facteurs exposant à la solitude ?

3.Quelles sont les explications données au sentiment de solitude par le document ?

Exercice 3 : L’évolution du ratio de Palma en France

Difficile

Questions

1.En quoi consiste le ratio de Palma ?

2.Faites une phrase avec la donnée pour 2016.

3.Comment évoluent les inégalités de revenus en France depuis 1996 ?

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