Question 1. Comprendre comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations.

Sommaire

Les individus expérimentent et intériorisent des façons d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations. 

La sociologue Muriel Darmon souligne que la socialisation est un processus continu : la « socialisation continue » dépend de l'influence d'une pluralité d'instances (famille, groupe de pairs, voisins, collègue de travail, etc.) à un moment donné. La socialisation désigne la « façon dont la société forme et transforme les individus », et les processus, conscients ou non, au cours desquels les individus intériorisent les normes sociales de différentes instances de socialisation, la famille, les professionnels de l’enfance, l’école, les pairs, les médias, le milieu professionnel, le conjoint, etc. (Muriel Darmon, 2006).

Ainsi, l’étude de la socialisation des élèves en classes préparatoires permet de mettre en lumière un travail de « construction de soi » opéré par diverses institutions et par les individus sur eux-mêmes. La socialisation primaire est la socialisation se déroulant pendant l’enfance.

  • La famille ne se réduit pas au couple parental. La fratrie et le reste de la parenté transmettent aussi des normes et des valeurs. De plus, le couple parental ne diffuse pas toujours les mêmes normes et valeurs. Bref, l’enfant est entouré de personnes qui représentent des principes de socialisation qui peuvent être divers, voire opposés.
  • Au sein des institutions scolaires, les études sociologiques montrent qu’au-delà des consignes officielles qui prescrivent des valeurs (cf. égalité) et de la volonté des enseignants, les différences sexuées se transmettent toujours à l’école, notamment via les albums jeunesse à disposition des élèves dans les classes et les bibliothèques qui renforcent parfois les stéréotypes.
  • La socialisation des enfants est donc un moment important dans la transmission des stéréotypes (positifs ou négatifs) de genre. En famille, à l'école, entre amis des stéréotypes descriptifs (« les filles/garçons sont comme cela … ») ou prescriptifs (« les filles/garçons doivent faire cela … ») exercent des « pressions normatives » sur les individus. Ces injonctions incitent les enfants et les adolescents à se conformer, c'est-à-dire appliquer les normes exigées d’eux.

a

  • La socialisation différenciée des garçons et des filles est souvent dénoncée car elle peut limiter les opportunités (de formation, de profession, de carrière) pour les enfants de chaque sexe, et elle favorise aussi une reproduction des inégalités sociales. Ces apprentissages et ces processus d'intériorisation se traduisent souvent par de fortes inégalités, dans la famille, à l'école, notamment dans le choix des filières, et plus tard, dans la vie professionnelle (accès aux emplois de direction) et familiale (partage des tâches domestiques).
  • Le concept de genre permet de souligner les multiples processus de construction sociale de la différence des sexes. Il permet ainsi de se demander pourquoi et comment une différence biologique (sexes différents) se transforme en différences sociales (rôles et statuts sociaux différents). Il permet enfin de questionner les rapports sociaux de pouvoir ou de domination dans la société. Le concept de « genre » renvoie donc à la dimension culturelle et sociale de l’appartenance sexuelle par opposition à la notion de « sexe » qui traduit une réalité biologique universelle.

a

Document 1. Individus et socialisation

Facile

Une nation qui s’est formée grâce à l’acculturation de millions d’immigrants, de langues et de cultures différentes, pense immédiatement la société comme le résultat d’une socialisation : attentive au procès de socialisation parce qu’il s’opère pour ainsi dire en plein jour et demeure imparfait dans la mesure où il laisse subsister la diversité des origines. (…) Un individu passe pour socialement intégré lorsque, tout en obéissant à lui-même, il se conduit conformément à la moralité sociale et se soumet, par là même, aux nécessités collectives. Une totale intégration effacerait toute trace de personnalité. Aussi bien est-elle impossible dans une société complexe où, par le fait même de la multiplicité des couches sociales ou des groupes professionnels, l’individu, quand il arrive à l’âge mûr, constate l’extrême diversité des opinions, des manières de vivre, des valeurs. L’homme d’aujourd’hui, quelle que soit la puissance de la socialisation initiale, doit en certaines circonstances choisir entre différents modèles, se déterminer lui-même à l’intérieur de certaines limites.

Sources : Raymond Aron (1969) Les désillusions du progrès. Essai sur la dialectique de la modernité et Calmann-Levy, Agora, page 205

Question 1 : Qu’est-ce que la socialisation ? Qu’est-ce que l’acculturation ?

Question 2 : Selon vous, à quelle société fait référence Raymond Aron (1905-1983) dans ce texte

Question 3 : Débat : les processus de socialisation forment-ils un carcan pour l’individu ?

Document 2. Socialisation ou « re-socialisation » des immigrés ?

Facile

L’immigration a changé de nature : en se pérennisant, elle a perdu de son aspect purement économique ; en se stabilisant, elle est devenue familiale. En 1974, la France avait décidé de suspendre l’immigration de travail, pour admettre consécutivement une immigration familiale. L’arrivée d’épouses et d’enfants mineurs a contribué au rajeunissement de la population immigrée.

(…) La présence permanente d’étrangers pose le problème de leur insertion dans la société française, de leur alphabétisation, de leur logement et de la scolarisation de leurs enfants. Mais chaque fois que l’on parle publiquement de l’intégration, c’est la nationalité qui revient comme une litanie dans tous les débats. L’État n’a visiblement qu’une réponse juridique à donner par le biais du Code de la nationalité. (…)

Parler de naturalisation et d’acquisition de la nationalité française implique que la question de la nation soit résolue, parce qu’elle participe de la socialisation, de l’intégration sociale. On ne s’intéressera pas à la nation en tant que justification et légitimation du pouvoir, mais comme réceptacle devant accueillir et intégrer des individus différents. La nation offre un cadre fonctionnel dans lequel pourra se réaliser l’épanouissement socio-économique, voire culturel, de l’homme.

La naturalisation des étrangers suppose leur re-socialisation. C’est donc bien d’intégration sociale qu’il va falloir parler dans ce cadre national.

Avec des définitions classiques, un lien privilégié sera établi entre la socialisation et l’éducation. Des auteurs plus récents ont montré que l’éducation ne consiste pas seulement en « une socialisation méthodique de la jeune génération » chère à É. Durkheim : la socialisation intervient en effet tout au long de la vie de l’homme. Après la famille et l’école, la socialisation peut avoir comme cadre le service militaire, le travail, etc. Il y a bien une socialisation « primaire » et une socialisation « secondaire ».

En effet, les immigrés ont déjà été socialisés dans leurs pays d’origine et on doit parler de re-socialisation à leur endroit. La référence aux diverses interactions entre individus va être fondamentale dans la mesure où le paradigme de l’interaction permet de concevoir la socialisation comme processus adaptatif. Pour l’étranger, il sera donc plus exact de se référer à la socialisation dite secondaire. Au demeurant, la socialisation ne constitue pas un bloc monolithique : elle laisse une large place au débat car, si certaines valeurs sont irréversibles, d’autres, au contraire, changent en fonction des situations vécues. Et c’est ce qui explique l’émergence de ce concept comme l’adaptation, la conformité, parce que l’individu peut parfois voir les choses autrement et être perçu comme un outsider ou un stigmatisé.

Mais quel sera l’agent de socialisation le plus adéquat ? Les pairs, les médias et la rue peuvent jouer leur rôle comme le soulignent la plupart des sociologues. Ce peut être aussi dans le cadre du travail que cette socialisation pourra se réaliser, en liaison avec la définition de l’identité. La famille est le lieu privilégié pour des raisons évidentes de « socialisation infantile ». Quant à l’école, trois raisons au moins militent en sa faveur : d’une part, elle nous paraît être le facteur essentiel dans le domaine de l’apprentissage, et pas seulement linguistique ; d’autre part, elle est le contact le plus durable qu’a l’enfant avec les normes de la société ; enfin, parce que la socialisation concerne davantage les jeunes générations (cela est encore plus vrai pour les enfants de migrants).

En définitive, nous nous apercevons que l’école fait une place non négligeable à la culture des élèves d’origine étrangère. Il est vrai que la France a abandonné son œuvre « assimilatrice » pour des ambitions plus modestes et proposer aux immigrés et à leurs enfants, d’abord l’ « insertion » puis l’ « intégration ».

Mohand Khellil (2005), Sociologie de l’intégration, PUF

 

Question 1 : Qu’est-ce qu’un immigré ?

Question 2 : Pourquoi l’auteur parle de « re-socialisation » ? Ce concept est-il valable pour leurs enfants ?

Question 3 : Pour le sociologue Mohand Khellil faut-il utiliser le concept d’intégration ou de socialisation ?

Document 3. Pourquoi analyser les représentations sexuées dans les manuels scolaires ?

Facile

Pourquoi s’intéresser aux manuels scolaires dans une perspective de genre en démographie ?

Les manuels scolaires sont l’objet de très nombreuses controverses, souvent passionnées. Et pour cause, le choix des connaissances qu’ils rassemblent, la formulation de ces connaissances n’ont rien d’anodin. Au-delà des connaissances « encyclopédiques » qu’ils rassemblent, les manuels sont porteurs d’une compréhension du monde, de modèles de comportements sociaux, de normes et de valeurs. Les manuels scolaires sont ainsi des outils privilégiés en matière d’éducation et de socialisation. Leurs potentialités dans la promotion de l’égalité entre les sexes sont largement reconnues. La quasi-totalité des pays, dont la France, a d’ailleurs ratifié la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes qui recommande de supprimer « toute conception stéréotypée des rôles de l’homme et de la femme » dans les manuels. (…)

Quelles représentations sociales sont véhiculées par les manuels de mathématiques ?

Afin de rendre plus concrets et attractifs les apprentissages, les cours et les exercices mettent en scène des personnages : des enfants comparent leur nombre de billes, un adulte fait des achats ou s’interroge sur sa consommation d’essence, etc. Les représentations sociales du masculin et du féminin s’incarnent dans ces personnages et c’est à travers eux que les manuels donnent à voir ce qu’est être une femme, un homme, un garçon, une fille.

Ces représentations sociales sont élaborées de façon complexe par la combinaison de plusieurs éléments. Par exemple, dans 4 collections de manuels de mathématiques utilisés à l’école primaire en France, le recensement de la population des personnages fait apparaître de forts déséquilibres numériques. On observe deux constantes : une forte présence des personnages de petits garçons et à l’inverse une grande rareté de femmes. Il y a un véritable déni de la présence des femmes dans ces manuels. Viennent s’ajouter des variations dans leurs caractéristiques et un traitement très différent des enfants et des adultes. Les enfants, garçons et filles, présentent de nombreuses similitudes, liées en partie à leur statut d’écolier et d’écolière qui les « neutralisent ».

Cependant, des différences contribuent parfois à marquer des différences, qui sont rarement favorables aux filles.

Chez les adultes, les différences de sexes sont beaucoup plus marquées. L’image des femmes dans les manuels est loin de refléter la réalité de leur « double journée », alors qu’à l’inverse celle des hommes fait écho à l’image fortement médiatisée des « nouveaux hommes », très investis dans la vie professionnelle tout en étant présents dans différentes sphères extra-professionnelles (famille, loisirs). Ainsi, ces manuels ne sont ni des reflets de la réalité ni des productions assurant réellement la promotion de l’égalité entre les sexes. Ces observations ne sont pas spécifiques aux manuels de mathématiques utilisés en France. Elles se confirment dans différents corpus de manuels, dans des disciplines et des pays très divers, mais aussi dans d’autres genre d’écrits destinés à la jeunesse : albums illustrés, roman, presse jeunesse.

Entretien avec Carole Brugeilles réalisé par l’Ined en octobre 2013

https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/paroles-chercheurs/carole-brugeilles/

 

Carole Brugeilles travaille sur la fécondité, la santé de la reproduction, les rapports sociaux de sexe et la socialisation.

 

Question 1 : Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Quel est le stéréotype mis en avant par Carole Brugeilles ?

Question 2 : Définissez les termes « socialisation » et « socialisation primaire »

Question 3 : Qu’est-ce qu’un « rôle sexué » (ou rôle de sexe). Donnez un exemple.

Question 4 : Quels sont les constats (ou « constantes ») faits sur les manuels de mathématique à destination des jeunes publics ?

Question 5 : Débat : les manuels scolaires doivent-ils être le « reflets de la réalité » ou doivent faire la « promotion de l’égalité entre les sexes » ?

Document 4. Les gars du coin. Enquête sur une jeunesse rurale

Facile

 

Question 1 : Pourquoi les jeunes étudiés par Nicolas Renahy sont « doublement invisible »

Question 2 : Quelles sont les transformations de la société soulignées ici ?

Question 3 : Selon vous, quelle est la principale caractéristique de la socialisation en milieu rural ?

Question 4 : Que nous apporte le concept de « capital d’autochtonie »

Document 5. Classes préparatoires. Les disparités dans les choix d’orientation

Facile

Les disparités dans les choix d’orientation des bacheliers généraux avec mention

selon leur origine sociale et leur genre (en %)

 

Question 1 : Faites une phrase avec la première donnée du tableau « 47 »

Question 2 : Peut-on affirmer que les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures sont surreprésentés dans les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) avec ce tableau ? Qu’en déduire sur le rôle de la famille ?

Question 3 : Un débat pour la classe 

Filles et garçons en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) : différences ou inégalités ?

 

Document 6. Classes préparatoires. La fabrique d'une jeunesse dominante

Facile

Classes préparatoires  
La fabrique d'une jeunesse dominante
(2015)

Muriel Darmon

Qui sait ce qui se passe réellement aujourd’hui derrière les murs des classes préparatoires ?

Accusées de tous les maux – fabriquer des crétins ou désespérer leur jeunesse – ou célébrées comme formation d’« élite » – dans l’oubli de sa contribution à la reproduction sociale –, les « prépas » sont en réalité très mal connues.

Au travers d’une analyse très originale de l’« institution préparatoire», Muriel Darmon nous montre quels types de sujets y sont « fabriqués ». Elle met ainsi au jour les dispositifs de pouvoir qui s’y exercent, la manière dont l’institution produit une certaine forme de violence envers les élèves tout en étant soucieuse de leur bien-être, comment elle opère en individualisant à l’extrême plutôt qu’en homogénéisant et comment, ce faisant, elle renforce sa prise sur les individus.

Une forme de socialisation de la jeunesse

Les classes préparatoires, écrivait Pierre Bourdieu dans La noblesse d’État, exercent une « fonction sociale d’exclusion rituelle » : elles sont une pièce maîtresse du système qui légitime la reproduction des inégalités sociales en l’appuyant sur des inégalités scolaires. L’objectif de Muriel Darmon n’est pas de s’opposer à cette analyse, mais de déplacer l’éclairage de la fonction sociale à la « fonction technique » des classes préparatoires, fonction laissée de côté par la sociologie française.

(…)

La première partie de l’ouvrage confronte au terrain de la classe préparatoire les approches de l’institution proposées par Michel Foucault et Erving Goffman. La classe préparatoire est une institution enveloppante et bienveillante. Elle se rapproche des institutions totales telles que l’asile et la prison en ce qu’elle prétend régir toute la vie des élèves. Elle les soumet à une règle de travail, maintient sur eux la pression, et exerce une discipline de tous les instants, à travers la répétition de petites sanctions. Elle couvre par ailleurs aussi bien la vie scolaire que la vie extra-scolaire : les sorties, les loisirs, ou encore les relations amoureuses sont explicitement subordonnées, dans le discours comme dans la pratique, à la formation. Cependant, l’institution est bienveillante : la violence qui peut s’exercer ailleurs est ici retenue, et la classe préparatoire accompagne les élèves autant qu’elle les guide, en insistant par exemple sur leur bien-être psychique ou sur l’importance d’une vie équilibrée. (…)

La seconde partie de l’ouvrage examine ce que l’institution fait à ses élèves. Un chapitre entier est consacré à l’apprentissage d’une disposition temporelle. La classe préparatoire enseigne dans et par l’urgence, et transmet ainsi un rapport au temps qui est, en définitive, celui des fractions des classes supérieures que rejoindront ces élèves, et dont la plupart sont issus. L’urgence devient un « mode normal d’écoulement du temps » et la porosité des frontières entre travail et loisir paraît tout aussi naturelle. (…) Le temps, par ailleurs, est la mesure de l’excellence. Réussir en classes préparatoires, c’est aller plus vite, gérer mieux son temps que les autres.

(…)

Les classes préparatoires enseignent par ailleurs deux dispositions apparemment contradictoires : l’une, pragmatique, consiste en recettes pour réussir les concours des grandes écoles, et l’autre, scientifique, en une vision abstraite du monde. (…)

Muriel Darmon oppose un ascétisme régulier, extra-mondain, celui des scientifiques pour lesquels les disciplines scolaires sont centrales, à un ascétisme séculier, intra-mondain, celui des commerciaux. Pour ces derniers, les loisirs, les sorties culturelles, l’habillement, la posture, deviennent autant de considérations scolaires. Les exercices d’entretien de personnalité, préparant aux épreuves orales des concours, donnent à voir ce travail de construction d’une hexis particulière, à travers les nombreuses remarques des examinateurs sur la confiance en soi, la posture, ou la manière de s’habiller des candidats. Les propriétés de l’excellence diffèrent également d’une filière à l’autre. Les classes préparatoires scientifiques valorisent ainsi la précocité, alors que leur pendant commercial cherche à construire des élèves adultes.

(…) Alors que la littérature retient surtout le Bourdieu sociologue de la reproduction, Muriel Darmon insiste sur une autre dimension de son travail, la « socio-genèse des habitus ». Économe en références, elle n’en produit pas moins une discussion serrée et particulièrement fertile des thèses de Foucault et Goffman sur l’institution, ou encore de Becker et Merton sur la socialisation. Il en résulte une approche originale de la fabrication et de la transformation des individus dont les leçons excèdent largement le seul cadre des classes préparatoires.

Samuel Coavoux, « Muriel Darmon, Classes préparatoires. La fabrique d’une jeunesse dominante », Lectures http://journals.openedition.org/lectures/12566

 

Muriel Darmon oppose un ascétisme régulier, extra-mondain, celui des scientifiques pour lesquels les disciplines scolaires sont centrales, à un ascétisme séculier, intra-mondain, celui des commerciaux. Pour ces derniers, les loisirs, les sorties culturelles, l’habillement, la posture, deviennent autant de considérations scolaires. Les exercices d’entretien de personnalité, préparant aux épreuves orales des concours, donnent à voir ce travail de construction d’une hexis particulière, à travers les nombreuses remarques des examinateurs sur la confiance en soi, la posture, ou la manière de s’habiller des candidats. Les propriétés de l’excellence diffèrent également d’une filière à l’autre. Les classes préparatoires scientifiques valorisent ainsi la précocité, alors que leur pendant commercial cherche à construire des élèves adultes.

(…) Alors que la littérature retient surtout le Bourdieu sociologue de la reproduction, Muriel Darmon insiste sur une autre dimension de son travail, la « socio-genèse des habitus ». Économe en références, elle n’en produit pas moins une discussion serrée et particulièrement fertile des thèses de Foucault et Goffman sur l’institution, ou encore de Becker et Merton sur la socialisation. Il en résulte une approche originale de la fabrication et de la transformation des individus dont les leçons excèdent largement le seul cadre des classes préparatoires.

Samuel Coavoux, « Muriel Darmon, Classes préparatoires. La fabrique d’une jeunesse dominante », Lectures http://journals.openedition.org/lectures/12566

 

 

Question 1 : Qu’est-ce qu’une institution ?

Question 2 : Recherchez la définition du concept « institution totale »

Question 3 : Expliquez la phrase : « La classe préparatoire est une institution enveloppante et bienveillante »

- Comprendre comment la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation des enfants et des adolescents.

Exercice 1. Les stéréotypes de genre contribuent à maintenir des différences dans le choix des disciplines sportives

Facile

La persistance de stéréotypes de genre pourrait expliquer l’absence de mixité dans certaines disciplines dès le plus jeune âge : en 2014, près d’une personne sur deux adhère à l’idée selon laquelle « certains sports conviennent mieux aux filles qu’aux garçons ». De fait, l’activité sportive choisie par les enfants (ou leurs parents) est souvent fonction des valeurs qu’elle véhicule : grâce, souplesse, agilité pour les filles ; endurance, rapport de force et esprit de compétition pour les garçons. Enfin, pratiquer un sport « masculin » est d’autant plus difficile pour les jeunes filles qu’elles peuvent renvoyer physiquement une image non conforme à la norme corporelle féminine, musculature et force physique étant plutôt associées à la masculinité. Des stéréotypes analogues, mais inversés, jouent probablement pour éloigner les garçons des sports jugés « féminins ».

François Gleizes, Émilie Pénicaud (2017) Pratiques physiques ou sportives des femmes et des hommes : des rapprochements mais aussi des différences qui persistent, Insee Première, no 1675

 

Questions 

1. Qu’est-ce qu’un stéréotype ?

2. Qu’est-ce qu’un stéréotype de genre ? Donnez une explication (liée à la socialisation) de la permanence de certains stéréotypes de genre dans le domaine sportif

3. Expliquez la phrase soulignée

Exercice 2. Replacer les termes suivants dans le texte : Rôles sociaux des femmes et des hommes

Facile

raisons biologiques - division sociale du travail - caractère genré - travail domestique - stéréotypes de genre - l’éducation reçue

 

Le …………………. ……………… reste majoritairement réalisé par les femmes, notamment dans les familles avec enfant(s). Mais le …………………. ……………… de la vie sociale ne se perçoit pas uniquement au travers des pratiques : nombreux sont ceux qui pensent que le sexe des individus contribue à déterminer ou doit déterminer ce qu’ils font et ce à quoi ils aspirent.

Pour une personne sur trois, les positions différentes des femmes et des hommes dans les vies professionnelle et privée s’expliquent autant par des …………………. ……………… que par …………………. ………………, mais les opinions exprimées ne tendent pas à présenter les femmes comme moins compétentes ou moins portées à exercer certaines activités que les hommes.

En revanche, l’opinion selon laquelle les femmes disposeraient de compétences supérieures pour prendre soin des enfants et seraient plus enclines à le faire persiste : une personne sur deux considère que les mères savent mieux répondre aux besoins et aux attentes des enfants que les pères. La « vocation parentale » des femmes apparaît comme la clé de voûte permettant l’articulation entre des compétences déclarées identiques et une …………………. ……………… toujours largement organisée en fonction du sexe des individus.

Les femmes rejettent plus souvent que les hommes ces …………………. ………………, en particulier lorsqu’ils renvoient à leur vocation parentale présumée. En outre, l’adhésion à ces idées a diminué, y compris au cours des dix dernières années. Ainsi, en 2014, 22 % des personnes interrogées souscrivent au modèle de la femme au foyer, contre 43 % en 2002. Ce recul proviendrait, dans une large mesure, d’une rupture advenue entre les générations nées après 1945 et celles, moins diplômées, plus religieuses et à moindre taux d’activité féminin, qui les ont précédées.

Adrien Papuchon, Rôles sociaux des femmes et des hommes - L’idée persistante d’une vocation maternelle des femmes malgré le déclin de l’adhésion aux stéréotypes de genre (2017) Femmes et hommes, l’égalité en question, Insee, édition 2017

 

Newsletter

Suivre toute l'actualité de Melchior et être invité aux événements