Analyse des vœux et affectations dans l’enseignement supérieur des bacheliers 2021 après la réforme du lycée général et technologique

La mission d’analyse des vœux et affectations s’est intéressée à la première génération des bacheliers généraux issus de la réforme des lycées, à savoir les bacheliers 2021. Cette mission s’est appuyée à la fois sur des extractions de la base de données Parcoursup, ainsi que sur des investigations de nature plus qualitative (compte rendus d’auditions de plus de 220 formations).

Le premier axe de travail de la mission est de dresser le constat des admissions dans l’enseignement supérieur résultant de la procédure Parcoursup. Cette procédure affirme l’importance du choix donné à l’élève dans la construction de son parcours d’orientation. L’analyse menée de la mission révèle que le choix d’orientation post-bac des élèves est dans la même logique que celle qui a prévalu pour les choix de spécialité au lycée.

On constate ainsi que ;

•  la structure globale des admis reflète la structure des candidatures (c’est-à-dire des vœux des élèves),
•  l’enseignement supérieur accueille des élèves qui ont fait des choix d’orientation cohérents avec les formations retenues,
• même si les élèves qui ont des doublements d’enseignements de spécialité de terminale se répartissent dans des formations variées, il s’avère qu’il y a une concentration plus forte sur les formations en cohérence avec les spécialités poursuivies, 
• enfin là où il y a des écarts dans le niveau de diversité de profils dans les candidatures et les admissions, ceux-ci sont plus reliés à la nature des champs disciplinaires qu’au caractère plus ou moins sélectif de la formation retenue.

On peut illustrer cette continuité de l’orientation entre le secondaire et le supérieur avec une famille de formations très sélective, comme les IEP, où il apparaît que les doublettes comprenant HGGSP et/ou SES (avec ou sans mathématiques complémentaires) sont nettement surreprésentées aussi bien au niveau des candidats que des admissions, et qu’en revanche les profils scientifiques sont quasiment absents.

Principaux profils des candidats et des admis en IEP en 2021

Le deuxième axe de travail est de se pencher sur les pratiques des formations supérieures en matière de classement des candidatures. Ce travail est important parce qu’il réalise un état des lieux de pratiques qui n’ont jamais été documentées jusque-là au nom de la confidentialité des jurys.

Plusieurs points se dégagent de cet état des lieux.

Tout d’abord, la mission a noté que les modalités d’appropriation de la réforme du lycée par les formations du supérieur sont inégales.

Si le tronc commun de la série générale est bien utilisé dans les classements, il n’en est pas de même pour les compétences apportées par chaque spécialité. Et inversement, on observe que la spécialité Mathématiques demeure fortement valorisée, même dans les formations où cette discipline joue un rôle mineur. Ensuite, au niveau des modalités de classement des dossiers, même si le travail de l’enseignement supérieur est toujours fait avec un grand sens des responsabilités, il semble bien que la maîtrise des critères soit parfois insuffisante. Cela amène la mission à inviter les Ministères à clarifier ce type de critères (et notamment celui des lycées d’origine) et les établissements d’enseignement supérieur à s’approprier le rapport public Parcoursup en le détaillant et en assurant sa cohérence avec les attendus des formations et la communication faite auprès des candidats.

Dernier point : dans l’ensemble, les commissions d’examen des dossiers sont toujours fortement influencées par le niveau scolaire, et la procédure a un faible impact sur les caractéristiques sociales des candidats, tout comme sur la répartition hommes-femmes dans les différentes formations. La mission préconise dans ces conditions l’affichage d’objectifs de mixité sociale et de genre, pour permettre la prise en compte de ces critères par les commissions d’examen des vœux.

Le troisième axe de travail de la mission a été de réaliser un focus sur les profils et les formations. Le Parcours accès spécifique santé (PASS) est certes alimenté par des profils proches de l’ancienne série scientifique (S), mais un basculement s’est produit, puisque la majorité des admis en PASS issus de la série générale a maintenant choisi les spécialités Physique-chimie et SVT, associées à l’option Mathématiques complémentaires (voir graphique ci-dessous).

Parcours PASS : Pourcentage des principales catégories parmi les candidatures, les propositions et les admis, à l’issue de la phase principale en 2021

Pour ce qui est des formations Sciences humaines et sociales, l’analyse de la mission montre que ces formations accueillent toujours des profils variés, avec cependant une interrogation qui subsiste dans les formations faisant appel aux mathématiques sur le niveau requis et sur la place des profils comportant l’option Mathématiques complémentaires.

Si le profil Mathématiques-Sciences économiques et sociales(SES) semble avoir trouvé sa place, le profil Sciences économiques et sociales-Sciences de la vie et de la terre est encore insuffisamment identifié. Et pour les formations scientifiques, on observe que les profils qui s’orientent vers les sciences le font de manière plus prononcée que les anciens profils issus de Terminale scientifique. Par ailleurs, les CPGE et les formations tournées vers les métiers d’ingénieurs ont été alimentées de manière très significative (au-delà de 80%) par des élèves ayant choisi la spécialité Mathématiques associée à l’option Mathématiques expertes (ME) et une autre spécialité scientifique (le plus souvent Physique-chimie).

En conclusion, le travail de la mission d’Inspection générale, centré sur l’étude des choix des nouveaux bacheliers, a révélé l’action très positive jouée par le dispositif Parcoursup qui joue un triple rôle d’information ;

- offrir aux élèves une visibilité des formations et de leurs attendus, et à ces formations l’accès à un large vivier national, voire international)),
-de régulation des flux (par l’effort d’établissement de règles claires permettent que les décisions prises soient perçues comme légitimes),
- et d’outil au service de la politique publique (par la détermination de certains critères utilisables dans les classements des candidatures et les mécanismes de places garanties pour les élèves boursiers).

Ce rôle de Parcoursup peut maintenant être complété par quelques actions menées à différents niveaux pour approfondir le continuum bac-3/ bac+3.

Recommandations : 

• En premier lieu, il revient aux autorités académiques de renforcer l’information disponible par des bilans annuels de la procédure Parcours sup, réunissant des acteurs du secondaire et du supérieur.
   
• En second lieu, au niveau des lycées, il importe de travailler encore sur l’orientation, notamment en dotant les établissements d’outils permettant le suivi des élèves qui ont quitté le lycée.
   
• En dernier lieu, au niveau de l’enseignement supérieur, celui-ci doit continuer à adapter son offre de formation à la diversité des profils des étudiants accueillis, de manière à optimiser le parcours de formation post-baccalauréat de ceux-ci.