Que peuvent les politiques scolaires face aux inégalités sociales ?

Article pour illustrer la problématique de l'Etat-providence dans la contribution à la cohésion sociale en classe de Première, les thèmes de la mobilité et de la justice sociale en classe de Terminale.

Le rapport Equality of educational opportunity, ou « rapport Coleman » (1966) est souvent interprété comme une démonstration de relative impuissance des politiques scolaires : le milieu social et familial influerait plus sur les trajectoires des élèves que l’allocation des ressources publiques. Les effets limités des Zones d’éducation prioritaire (ZEP) semble aller dans le même sens. Mais que seraient devenus ces élèves défavorisés sans ces ressources supplémentaires ? Si l'impact des politiques publiques est absent lorsque les ressources sont limitées, qu'en est-il lorsque celles-ci sont importantes ?

Selon la recherche actuelle, la taille des classes améliore les apprentissages surtout pour les élèves défavorisés.  Des changements de dépenses locales par élève peuvent avoir des effets massifs non seulement sur les carrières scolaires des élèves de milieu défavorisé, et sur leurs taux d’emploi et de pauvreté à l’âge adulte (Jackson, Johnson et Persico, 2014).

Illustration :

L. Behaghel, Cl. de Chaisemartin et M. Gurgand ont analysé les effets des dispositifs des internats d'excellence dont celui de Sourdun : le régime de l'internat vise à promouvoir la réussite d’élèves motivés qui ne bénéficient pas d’un environnement social ou familial favorable pour développer leur potentiel (budget par élève quasiment doublé avec effectifs réduits, cadre - discipline, disponibilité des enseignants, heures d'études - a priori plus propice).

Trois conclusions peuvent être tirées de cette étude :  

1. Les forts effets positifs de l’internat sur les apprentissages se manifestent seulement deux ans après l’admission et restent concentrés sur les élèves dont le niveau scolaire était le plus élevé avant l’entrée à Sourdun.

2. L'internat d'excellence a un très fort impact sur les carrières scolaires dans le secondaire :  la probabilité d’obtenir un bac général augmente de 45%, celle d’obtenir une mention s’accroît de 64%. Ces effets sont valides pour tous les élèves admis à Sourdun.

3. L’étude sur « le devenir de ces élèves dans le supérieur », puis sur le marché du travail montre qu’un dispositif ciblé, permet de transformer radicalement les carrières scolaires d’élèves d’origine modeste, après l'obtention du baccalauréat. Si les politiques scolaires permettent de réduire les inégalités, cette évaluation ne permet toutefois pas d'extrapoler les résultats avec des élèves de niveau inférieur ou moins motivés.

Ainsi, en luttant contre l'exclusion à travers le financement de services collectifs, l'Etat-providence favorise la cohésion et la justice sociales. Le rôle de l'école est ainsi fondamental dans la transmission du capital culturel, facilitant la mobilité sociale.

L'action des pouvoirs publics s'exerçant cependant sous contrainte, les mesures mises en place se doivent d'être ciblées.

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