Comment la syndicalisation évolue-t-elle en France ?

Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de la note de la DARES (Ministère du travail), Léger repli de la syndicalisation en France entre 2013 et 2019,  afin que vous l’exploitiez en classe avec vos élèves.

Cette note permet d’actualiser les questions « Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ? » et « Quelles mutations du travail et de l’emploi » dans les programmes de spécialité SES en terminale.  Il illustre aussi le thème « Eléments de sociologie du travail et des organisations » en CPGE.

 

Le titre et la référence de l'article :

Léger repli de la syndicalisation en France entre 2013 et 2019, publiée en février 2023, sous la signature de Maria Thérèsa Pignoni

Les + de l’article

  • Des données actualisées sur le niveau de syndicalisation selon les secteurs, les branches d’activité et les catégories socioprofessionnelles ;
  • Un repérage des variables en jeu dans la syndicalisation ;
  • Un encadré clair et utile sur les différentes instances de représentation des salariés.

Résumé

Cette note récente de la DARES sur le niveau d’adhésion syndicale en France montre qu’en 2019, 10,3 % des salariés ont déclaré adhérer à une organisation syndicale. Ce niveau de syndicalisation, déjà bas au regard d’autres pays, a baissé depuis 2013 (- 0,9 point). Dans la fonction publique, le taux de syndicalisation est de 18,4 %, en 2019, alors que dans le privé, il n’est que de 7,8 %. Mais ce sont les secteurs et les métiers où, en moyenne, le niveau de syndicalisation est le plus élevé que la baisse a été la plus forte.  Ainsi, la baisse est plus nette dans la fonction publique, en particulier dans la fonction publique territoriale. Au niveau des branches d’activité et des catégories socioprofessionnelles, le constat est inégal : elle concerne particulièrement les cadres de la fonction publique et les professions intermédiaires du secteur privé, les métiers de la santé, de l’enseignement et du social. Elle concerne plus les hommes que les femmes.

La DARES met ce constat en relation avec un certain nombre de variables.

  • D’abord, les conditions de participation aux instances de représentation : dans la fonction publique, la représentation des personnels dans les instances paritaires passe exclusivement par des représentants élus sur listes syndicales alors que, dans le privé, les représentants des salariés dans les instances représentatives peuvent être élus sur des listes non syndicales lors des élections professionnelles.
  • Le poids d’un syndicalisme de service inspiré des pays d’Europe du Nord : c’est en partie ainsi que la DARES analyse le fait que les salariés travaillant dans les activités financières et d’assurance sont deux fois plus nombreux à adhérer à une organisation syndicale (16,9 %) que la moyenne des salariés du privé (7,8 %).
  • Les menaces sur une branche : la syndicalisation dans ce même secteur des assurances et des activités financières a progressé de 4 points depuis 2013, ce qui est assez singulier dans le paysage syndical ; le rapport de la DARES fait l’hypothèse d’un impact des menaces sur l’emploi du fait de l’accélération de la numérisation et de la transformation des emplois, ce qui incite à un syndicalisme défensif.
  • La progression des contrats à durée limitée dans certains secteurs est une variable qui contribue largement à la baisse de la syndicalisation, aussi bien dans la fonction publique que dans le privé.

Retrouvez l'article complet sur le site de la Dares

Les termes clés

  • Syndicat

Un syndicat est une association qui a pour objectif de défendre et de promouvoir les intérêts des salariés. L'action des syndicats vise la défense des salariés, leur représentation auprès des organes paritaires et la participation au dialogue social (instances de représentation des salariés) et aux négociations collectives portant sur les salaires, les conditions de travail, les droits des salariés, etc.

  • Taux de syndicalisation

Le taux de syndicalisation est calculé en rapportant l'ensemble des salariés ayant déclaré lors des enquêtes adhérer à une organisation syndicale au nombre total de salariés.

En France, ces données sont obtenues par les enquêtes de la DARES (Ministère du travail) portant sur les conditions de travail.

Le point théorique : le paradoxe d'Oslon

Dans son ouvrage publié en 1965, La Logique de l’action collective, l’économiste américain Mancur Olson s’intéresse à l’engagement des individus dans une action collective (syndicalisation, participation à une grève, etc.) en appuyant son analyse sur l’hypothèse de rationalité de ceux-ci (homo oeconomicus). Dans cette perspective, L’individu compare les avantages qu’il peut retirer de l’action collective (hausse des salaires, amélioration des conditions de travail, etc.) et le coût que cela représente pour lui (perte d’une journée de salaire, par exemple). Mais, le résultat de l’action étant un « bien collectif » qui profite à tous, l’individu peut être amené à adopter un comportement de free rider, qu’on traduit le plus souvent par « passager clandestin » ou « ticket gratuit », c’est-à-dire ne pas participer à la mobilisation. Si tous les individus raisonnent ainsi, l’action collective est donc improbable.

Or, les actions collectives existent et c’est pourquoi Mancur Olson parle d’un « paradoxe de l’action collective ». Mancur Olson recherche les mécanismes qui peuvent inciter l’individu à participer malgré tout à l’action collective. On peut citer le fait que certains syndicats apportent certains avantages à leurs membres (syndicalisme de service) ou encore les « rétributions symboliques » que l’individu peut trouver lors de son engagement (sentiment de participer à un moment historique ou affirmation d’une identité collective, par exemple). Le calcul économique de l’action collective n’est donc qu’une dimension du choix de l’individu qui peut en retirer aussi des bénéfices psychologiques et sociaux.

Voir la notion : le paradoxe d'olson

L’extrait pour la classe de terminale

Au-delà de son intérêt méthodologique, ce tableau à double entrée permet de mettre en évidence la corrélation entre la stabilité de l’emploi, et l’insertion dans un collectif de travail qui en découle, et l’adhésion syndicale. Quel que soit le secteur observé, les salariés qui travaillent à temps complet sont nettement plus syndiqués que ceux qui travaillent à temps partiel et les salariés en contrat à durée indéterminée le sont plus que ceux qui ont un contrat à durée limitée.

Les sujets qui font débat

  • Comment expliquer l’évolution du militantisme ?
  • Quelle place pour les conflits du travail aujourd’hui ?

Voir les cours de CPGE :

Pour approfondir : lire la note de lecture et la synthèse

Retrouvez toutes nos "revues des revues" en lien avec le programme de SES

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