Balance commerciale : le déficit s'aggrave

Des exportations en net recul

L'année 2008 se termine, pour la France, sur une forte aggravation du déficit commercial. Après - 39,2 milliards d'euros (Fab-Fab*) en 2007, le déficit devrait atteindre une soixantaine de milliards en 2008. (Fin novembre, le déficit cumulé sur les 12 derniers mois était de 57,5 milliards)


(*Fab-Fab : signifie que les exportations comme les importations ont été comptabilisées indépendamment des coûts de transport, manutention et assurances. D'autres statistiques sont parfois présentées en Fab-Caf ; les importations incluent alors ces éléments).
 

Solde mensuel du commerce extérieur

source : Insee
 

Cette aggravation du déficit commercial est la résultante d'un fléchissement très marqué des exportations, notamment en octobre et novembre, alors que les importations qui ne s'étaient que légèrement contractées au mois d'octobre, se replient très nettement en novembre.


Importations et exportations françaises (millions €)

source : Insee
 

Les exportations (32,5 milliards d'euros au mois d'octobre ; 31,2 milliards au mois de novembre) :

 

  • la baisse concerne surtout les biens intermédiaires et l'industrie automobile ;
  • la chute des ventes affecte essentiellement nos pays clients de l'Union européenne, notamment l'Allemagne (notre premier client), l'Espagne et la Belgique ;
  • les ventes d'automobiles tombent au mois de novembre à un niveau comparable à celui d'un mois d'août, traditionnellement le mois le plus creux de l'année.

Les importations (39,6 milliards d'euros au mois d'octobre ; 37,5 milliards au mois de novembre) :

 

  • la légère contraction constatée au mois d'octobre s'est transformée en un net repli, accompagnant la contraction de l'activité chez nos partenaires ;
  • la facture énergétique a baissé, ainsi que les achats de biens intermédiaires et d'équipement automobile ;
  • géographiquement, c'est encore l'Union européenne qui est la plus concernée par ce recul de nos importations.
     

 

L'industrie automobile dans le rouge

 Exportations et importations dans l'industrie automobile

source : Insee

 

Le déficit se creuse, le marché mondial étant en très fort recul. Mais si les importations de véhicules (en provenance d'Espagne, d'Italie, de la République Tchèque et de Slovaquie) ont chuté, les exportations, elles, ont littéralement "plongé", notamment vers le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Le solde des échanges, dans ce secteur traditionnellement excédentaire, est désormais déficitaire.
 

Un taux de couverture dégradé

Au total, la France enregistre un taux de couverture Fab-Fab de 82 % au mois d'octobre et de 83 % en novembre.

Sur l'ensemble de l'année 2007, le taux de couverture du commerce extérieur français s'est établi à environ 90 %.

Pour l'année 2008, il devrait passer au-dessous de ce niveau autour de 87-88 %.
 

Le taux de couverture se calcule par la formule :

montant des Exportations  X 100
montant des Importations

Le résultat s'analyse par rapport à la valeur 100, taux qui indique un strict équilibre des échanges. Un taux supérieur à 100 indique un excédent commercial, un taux inférieur à 100 un déficit commercial.
L'intérêt principal de ce calcul est d'analyser, sur une période donnée, l'évolution de la position d'un pays face aux échanges. Ainsi, le passage du taux de 89 à 94 % marque, malgré le déficit persistant, une tendance au rééquilibrage des échanges. A l'inverse, un taux passant de 108 à 102 signale le plus souvent une tendance à la perte de compétitivité.

Des éléments contradictoires

  • La baisse de l'euro face au dollar a amélioré temporairement la compétitivité-prix des produits français exportés hors de la zone euro ;
  • la baisse des prix de l'énergie, en particulier la très forte baisse du prix du pétrole, a nettement soulagé la facture des importations ;
  • la contraction de la demande intérieure a limité le recours aux importations.

Ces trois évolutions n'ont cependant pas permis de compenser deux facteurs "lourds" agissant en sens inverse :

  • un facteur structurel : le manque de compétitivité (prix et/ou qualité) de certains produits nationaux sur le marché mondial ;
  • un facteur conjoncturel : la très forte contraction de la demande mondiale, consécutive à l'entrée en récession de nombreuses économies.

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